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[3.3.3] La pêche à pied
Sur toute la côte cauchoise, la pêche
à pied a été très pratiquée
jusqu'aux années 60, par des professionnels, mais
aussi par tous ceux qui auraient pu se trouver sans occupation.
Les enfants n'étaient pas exemptés de cette
tâche :
mon père [témoin
né en 1925] quand il avait eune dizaine d'années
/ leux (leur) mée (mère) leux
(leur) disait [citation] allez-vous-en au roqueu
(rocher) cueilli (cueillir) des vignots // point
de travail / point de mâquaille (428) (nourriture) [fin de citation]
Les enfants cherchaient à tirer profit de leur pêche
mais n'obtenaient pas toujours le résultat escompté :
la marchande de poisson / quand on voulait lui vendre nos
vignots / elle disait / <c'> est des puches
(puces = ils sont bien petits) / tout était bon pour
nous rouler
Le matériel employé à Yport pour la
pêche à pied était le même qu'à
Senneville et les prises n'étaient pas différentes :
des moules / des vignots //
des salicoques / et puis on a des liets (429)
(lirets étrilles) / on a des roussiâs (430) (tourteaux) / il y a aussi des crabes
(431) vertes
(sic) et puis des crabes rouges // les anciens prenaient
aussi des petits bleus (homards)
Pour les professionnels yportais, la plage de leur ville
ne suffisait pas à l'exercice de leurs activités,
ainsi que le raconte un Etretatais :
à Etretat y avait pas
de professionnels de la pêche à pied / mais
y avait les gars qui descendaient d'Yport / ils prenaient
le car / ils remontaient des cents kilos de moules tous
les jours
Un Yportais se souvient avec nostalgie des belles marées
d'autrefois :
c'est qu'on en ramassait des
maugeilles (432) (maugées grandes quantités)
dans le temps
[3.3.4] Le travail hors d'Yport
On nous raconte comment certains Yportais,
par leur travail, arrivèrent à une certaine
aisance, et on nous cite une formule pour signaler la réussite :
on dit / oh / il est au-devant
de ses bouées(433) / ça veut dire / il est arrivé
au meilleur de sa carrière / il ne doit plus rien
à personne / ça vient de l'expression voir
la dernière bouée qui marque l'extrémité
de la senne à virer
Tous les Yportais ne trouvaient pas de travail sur place,
dans leur ville, et allaient en chercher à Fécamp.
Une ancienne ramendeuse nous raconte sa vie d'autrefois :
j'étais
r(a)mendeuse / on faisait la route à pied
// on partait à six heures et demie pour commencer
à huit heures / on finissait à cinq heures
et demie / on habitait là qu'est XX / y a une ruette
(petite rue) qu'on descend / on passait par Grainval / puis
on descendait rue d'Yport et on allait travailler rue de
Mer // à midi / on mangeait à la gamelle /
un jour on avait des pois (haricots) blancs avec
des pommes de terre / de la crème / puis un oeuf
dur / une autre fois c'était de la purée qu'on
faisait réchauffer sur un poêle avec du cocke
// l'hiver on était criblées de fré
(434) (transies
de froid) / on avait notre chaufferette avec du boucan
(charbon de bois employé dans les boucanes)
/ on avait du rible (des engelures) sur les genoux
/ aux mains // des fois on prenait une petite eau chaude
(grog au calvados) // on était heureux / on était
plus sociable que maintenant / on était peut-être
pauvre / mais on s'aimait mieux qu'aujourd'hui où
tout le monde se tire dans les pattes
Plutôt que de faire chaque jour la route à
pied, des Yportais avaient préféré
s'installer à Fécamp, mais en restant entre
eux :
c'était souvent des
familles nombreuses alors ceux qui voulaient travailler
à Fécamp sur le port / aux livraisons de morue
ou dans les sécheries ou dans les saurisseries /
c'était plus facile d'habiter sur place / la colonie
yportaise à Fécamp / elle était rue
d'Etretat / maintenant on dit rue du Président
Coty / à partir de l'octroi (435) // et tous les Yportais habitaient su
(sur) la gauche en dchendant (descendant) / plus
tard ils ont aussi envahi la droite / il y avait pas de
rivalité entre Yport et Fécamp
Un Yportais évoque le quartier de ses concitoyens
à Fécamp :
la rue d'Etretat / on l'appelait
la rue des bieaux ridiâs (beaux rideaux)
/ parce que c'était à celui qu'aurait les
plus beaux rideaux / on disait aussi la rue à
(aux) breuilles (436)
(viscères de poisson) / je sais pas si ils mettaient
des breuilles devant leur porte
Ce sont les conditions particulières du terre-neuvas
qui poussèrent certains marins à chercher
une variante du métier moins contraignante. Un fils
d'Yportais nous raconte pourquoi son père avait préféré
quitter Yport :
mon père naviguait à
Terre-Neuve / ils allaient de plus en plus loin / la dernière
fois il est parti onze mois / et puis / à cette époque-là
/ le pêcheur de morue de Fécamp ou d'Yport
/ il faisait aussi la saison du hareng / et parfois du maquereau
/ on disait faire les mon'nets (manets) /
et après ils rembarquaient pour Terre-Neuve // alors
mon père a choisi d'aller à Dieppe / on est
partit en 35 / j'avais huit ans / on s'est retrouvé
avec des gens d'Yport qu'avaient aussi choisi la pêche
fraîche / ils restaient environ huit jours à
la mer / c'était pas pareil // mais nos racines sont
à Yport / j'ai toujours parlé yportais et
même à Dieppe on continuait à parler
yportais
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