PREFACE
En ma qualité de spécialiste de dialectologie
normande, j'ai suivi de près le travail que Michèle
Schortz a consacré aux spécificités que
présente le parler d'Yport parmi les divers parlers
du Pays de Caux (Seine-Maritime) auxquels elle conscacre sa
recherche depuis plusieurs années : sa thèse
de doctorat avait pour sujet Le parler
de Senneville sur Fécamp. J'ai suivi le déroulement
des recherches qui l'ont amenée à cette thèse
qui a été soutenue avec brio en 1998. J'ai participé
à cette soutenance en qualité de linguiste spécialiste
des parlers de Normandie. Elle a été publiée
la même année dans les Acta
Universitatis Upsaliensis, Studia Romanica 55, Uppsala,
1998, 278 pp.
Je peux certifier du sérieux du travail qui va être
maintenant présenté. Les transcriptions orthographiques
qui ont été adoptées devraient permettre
à tous les lecteurs de saisir la réalité
des termes et des prononciations présentés,
ce qui n'aurait pas été le cas si l'auteur avait
utilisé l'un ou l'autre des alphabets dits phonétiques
en usage dans les manuels.
Pr. René Lepelley
Professeur Honoraire des Universités
Office Universitaire d'Etudes Normandes
Université de Caen (Calvados, France)
Caen, le 4 juin 2002
Conventions d'écriture et de transcriptions orthographiques
Dans les transcriptions orthographiques de séquences
du corpus, nous n'utilisons pas de majuscules et employons
les signes qui suivent.
/ pause brève
// pause longue
XX prénom ou nom propre d'une personne dont l'anonymat
est préservé, terme inintelligible
|| absence de liaison obligatoire
[ ] ont été employés dans la transcription
pour introduire un commentaire ou explication
<c'> a été employé pour noter le
degré zéro du démonstratif " ce "
dans le parler local
Les italiques ont été employées pour
écrire les termes dialectaux et régionaux qui
ne figurent pas dans le PR. Nous avons aussi noté par
des italiques des prononciations dialectales, sauf dans les
tableaux comparatifs (§ 2.2.2, 2.2.3, 2.2.4, 2.2.5) où
elles ne sont utilisées que dans la première
colonne où voisinent termes dialectaux et termes de
français commun.
Voyelles et consonnes du français commun d'aujourd'hui,
voyelles et consonnes d'Yport
¤ Les voyelles orales
a antérieur chat
â postérieur pâte
Pour indiquer la prononciation du a postérieur
dans le parler, nous employons l'accent circonflexe, par exemple,
plât (plat), câner (pleurnicher).
è ouvert mère
é fermé blé
e moyen, entre è et é, -et Outre le e
ouvert et le e fermé, il semble que l'yportais
emploie un è (ou é) intermédiaire
entre le son de mère et de blé
dans les finales de français commun en -et au
singulier comme dans, par exemple, effet. Le pluriel
-ets de ces termes est prononcé avec un è
très ouvert.
i lit
eu ouvert peur
Le son eu ouvert, contrairement au français
commun, est fréquent en finale dans l'yportais.
La graphie -eu en finale indique la prononciation du
son eu de peur, par exemple, rahucheu
(étranger au village).
e sourd me
eu fermé peu
La graphie -eux en finale indique la prononciation
du son eu de peu, par exemple, senteux
(homme louche).
u mur
o ouvert port
o fermé pot
Pour indiquer la prononciation du o fermé dans
le parler, nous employons l'accent circonflexe, par exemple,
pilôte (pilote).
ou mou
¤ Les voyelles nasales
an enfant
on mon
in pin
un brun
La graphie un indique que cette nasale est prononcée
comme l'article un du français commun, par exemple,
ergeunt (argent).
Outre l'emploi des quatre voyelles nasales qui sont distinctives
dans le parler, on observe un i nasalisé dans
la prononciation de termes de français commun et dialectal,
comme dans, par exemple, lapiin ou ohiin (parti-pris).
Cette nasale, qui se retrouve dans de nombreux parlers cauchois,
est signalée par la graphie ii dans les chapitres
1 et 2.
¤ Les diphtongues
Les diphtongues usitées dans le parler d'Yport sont,
comparées, par exemple, à celles du parler de
Senneville, peu nombreuses. Nous les avons notées ainsi
: aaute (autre).
¤ Les consonnes
b banc
p prendre
f fille
v vent
d dent
t temps
s souris
z zone, brise
j juste
ch chat
r dit parisien rond
l long
g gare
k carotte
k(h) Outre les consonnes ci-dessus,
le parler yportais, dans certains termes, fait suivre le son
k d'une aspiration (1) (en fait, un souffle) distinctive pour de
nombreux témoins, comme dans, par exemple, c(h)oeur.
Nous indiquerons cette aspiration par un h entre parenthèses
seulement dans les chapitres 1 et 2.
¤ Les semi-consonnes
w oui
y pied
ui nuit
¤ La longueur vocalique
La longueur vocalique, non distinctive dans le français
commun d'aujourd'hui est, dans quelques cas, pertinente dans
le parler d'Yport. Nous l'avons notée par un accent
circonflexe sur la voyelle concernée, par exemple,
calfûter (sur le a, l'accent circonflexe
indique aussi, outre la longueur, le a de pâte,
sur le o, celui de haut, ces voyelles sont généralement
longues dans le parler).
Quand nous avons essayé de rendre compte des prononciations
locales dialectales, nous avons adopté les principes
qui suivent.
L'apostrophe a été employée dans un terme
pour séparer deux syllabes qui doivent être prononcées
séparément, par exemple, mon'net (manet
filet de pêche), om'mée (armoire), etc.
Nous n'avons pas indiqué de façon systématique
la chute d'un e instable qui intervient normalement
comme en français commun, par exemple, des renets
(ruisseaux). Dans le cas où nous voulons absolument
signaler cette chute nous écrivons, soit le e
entre parenthèses, par exemple, qu(e)ri (quérir),
soit faisons suivre le terme amputé de son e
de sa forme de français commun, par exemple, rnets
(renets ruisseaux).
D'autres voyelles que le e ne sont pas prononcées
dans le parler, spécialement dans la syllable initiale.
Nous les avons notées entre parenthèses, par
exemple, c(o)mmun, ou avons fait suivre le terme, transcrit
tel qu'on le prononce dans le parler, de sa graphie en français
commun, par exemple, rvaudeuse (ravaudeuse).
Le r est généralement amuï dans
le parler d'Yport. Quand ce phénomène intervient
en finale, nous n'avons généralement pas écrit
ce r, par exemple, pou (pour). Quand l'amuïssement
se fait à l'intervocalique, nous avons le plus souvent
indiqué le r entre parenthèses, par exemple,
li(r)et (étrille), mo(r)ue, ti(r)eux
(tiroir), mais pas de façon systématique et
écrivons, par exemple, bédiée
(bédière mauvais lit).
Pour transcrire une prononciation locale d'infinitif en /é/
(2), nous avons choisi d'employer une finale
-é (la finale -er, plus logique, nous
semblant trop prêter à confusion en ce qui concerne
la prononciation), par exemple, avé, bé,
fé, vé (avoir, boire, faire, voir).
Des réductions propres à la langue parlée
ont parfois été employées, par exemple,
vlà pour " voilà ".
¤ Abréviations
Nous avons conservé les abréviations employées
dans les ouvrages que nous citons (FEW, PR, etc.) auxquels
le lecteur pourra se reporter.
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