[2.2] Traits dialectaux
yportais comparés à ceux de villages avoisinants
Hormis l'article de Barré (1952)
qui fait dialoguer en leur langue deux Yportais, celui de
Dauzat (1902-1903) et celui de Vaillant (1977), nous ne connaissons
pas d'étude linguistique concernant le parler d'Yport.
Yport est le point d'enquête 371 de l'Atlas
linguistique de la France (ALF). Il figure également
dans l'Atlas linguistique et ethnographique normand
(ALN) sous le numéro 113 0, mais entre parenthèses,
car les questionnaires d'enquêtes adaptés à
la vie des agriculteurs étaient inadéquats dans
cette localité. Le point le plus proche d'Yport est
la commune de Saint-Léonard (113).
[2.2.1] Corpus et témoins, constitution
de tableaux comparatifs
Pour faire notre étude, nous nous sommes appuyée sur l'ensemble
des enregistrements que nous avons avons effectués depuis
1984 et continuons de réaliser à Senneville-sur-Fécamp et
dans d'autres localités cauchoises (voir leur liste à l'annexe
1). Nous avons eu des contacts dans de nombreuses communes
où l'on a pu nous signaler une variété de prononciation ou
de vocabulaire dont nous rendrons compte. Les témoins de l'ensemble
des localités où nous avons fait des enquêtes, nés entre 1902
et 1948, sont principalement des pêcheurs ou des agriculteurs,
mais nous avons eu des entretiens avec des personnes appartenant
à tous les milieux socio-culturels.
Auprès de nos sept principaux témoins yportais, nous avons
recueilli, de juillet 1998 à mai 2002, environ trente heures
d'enregistrement. Nous avons eu aussi de nombreux témoins
occasionnels rencontrés à Yport qui ont apporté une précieuse
contribution en confirmant (ou non) l'emploi de prononciations
et de termes divers. C'est sur l'ensemble de ces témoignages
que s'appuie notre travail.
Lors de notre étude sur Senneville, nous avons mis en évidence
un ensemble de traits dialectaux employés par les habitants
de ce village. Nous avons reporté ces traits dans des tableaux
(§ 2.2.2, 2.2.3, 2.2.4 et 2.2.5) qui nous ont servi de questionnaire
pour, après une heure d'entretien libre ou dirigé, interroger
de façon systématique les informateurs (Yportais et témoins
des localités de l'annexe 1) sur leur prononciation actuelle
ou ancienne (voire celle de leurs parents ou grand-parents)
de ces mêmes termes. Des traits différents de ceux de Senneville,
d'ailleurs apparus spontanément au cours d'autres entretiens,
ont pu être mis en évidence. Ainsi que nous l'avons déjà remarqué
(§ 2.1.3), l'instabilité linguistique étant un caractère du
parler actuel, le recours au questionnaire a permis de mieux
cerner des éléments spécifiques que nous n'avons jusqu'à maintenant
observés qu'à Yport, et de les différencier de ceux qui se
rencontrent dans l'ensemble du pays de Caux. Quand une variété
de prononciation (ou un item) nous a été signalée dans une
commune, nous l'avons vérifiée avec au moins deux autres témoins
du même lieu pour éviter la possibilité d'un idiolecte.
Nous avons noté les résultats de nos enquêtes dans des tableaux
comparatifs que nous allons maintenant présenter.
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