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CONCLUSION
A Etretat, on dit que l'on ne comprend pas
les Havrais qui parlent " pointu ". Les Sennevillais assurent
qu'à Elétot " ils ont un accent ". Les Elétotais disent
que les Valeriquais " parlent pas pareil ". Et ainsi, dans
tout le pays de Caux, on nous garantira que la façon dont
s'expriment les habitants du village voisin est différente
et parfois même, obscure. Dans la région de Fécamp, tous
sont unanimes pour assurer que les Yportais, on ne les comprend
pas du tout.
Nous avons observé comme, même aujourd'hui, la notion d'appartenance
au village, au quartier, est très forte et fait que des
lieux situés à moins d'un kilomètre sont présentés comme
l'inconnu. Des témoins qui passent leurs vacances à l'étranger,
se rendent régulièrement aux Etats-Unis ou en Australie
où ils ont des parents, disent très sincèrement ne rien
connaître de la commune voisine dont les habitants, assurent-ils,
ne parlent pas comme eux. Au cours d'enquêtes en juillet
1999, des pêcheurs dieppois nous affirmèrent qu'au delà
de Saint-Valery, c'était pour eux le bout du monde. Un Etretatais
constata que déjà Yport lui semblait loin et qu'il ne fallait
rien lui demander sur Fécamp. Un Fécampois, demeurant dans
son enfance au quai des Pilotes, sur le port, avoua n'avoir
jamais osé " s'aventurer " vers une ferme à moins d'un kilomètre
au-dessus du quai, sur le plateau, car là-haut " c'était
la campagne ", selon ses propres termes. Il a pu autrefois
résulter de cette attitude que le parler de chaque ville
ou village restait très homogène, et que le plus petit écart
avec celui de la localité voisine était perçu comme un obstacle
à la compréhension. Même aujourd'hui, des différences entre
les parlers existent réellement, comme nous l'avons montré.
Le parler yportais, qui comporte un ensemble de traits phonétiques
spécifiques à la ville, se différencie de ceux des localités
cauchoises des environs.
Cependant, les Yportais ont évidemment toujours communiqué
avec les habitants de la région quand ils se retrouvaient
sur les chalutiers, allaient vendre leur poisson dans les
environs ou se rendaient aux foires, marchés et pélerinages.
Comme leur parler contenait, et peut encore contenir, des
particularités qui ne se rencontrent pas dans un rayon d'une
trentaine de kilomètres, leurs interlocuteurs disaient ne
pas les comprendre. Ce qui leur a peut-être valu le surnom
de Grec.
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