A la fin du 19e siècle, la mairie d'Yport s'intéressa de près aux sources qui sourdaient au pied de la falaise. C'était l'époque de la mise en place de réseaux d'adduction d'eau potable. Le village était bien parsemé de puits mais il semble que cela ait été jugé insuffisant pour un village alors en pleine expansion. On s'aperçut vite que les seules réserves d'eau potable étaient situées aux "fontaines". On imagina alors de capter l'eau de ces sources. Par chance, un article de la revue "Le génie civil" paru peu après les travaux (1) nous renseigne par le détail sur l'opération de captation.

Les sources sont situées à presque 800m à l'est d'Yport. Elles coulent sur le rocher par plusieurs résurgences à environ 30 à 40m de la falaise et sont recouvertes à chaque marée. Cependant, le débit étant important (7000 à 9000 litres par minute), l'eau qui reste dans les mares de cet endroit est sinon douce, du moins, très peu salée. La clarté de l'eau qui s'écoule ici en a fait un lieu colonisé par des moulières sauvages.

En 1898, on creusa d'abord un puits de 12 mètres de profondeur pour 0,45m de diametre afin d'atteindre la nappe. Puis, un bassin circulaire de 5m de diametre sur 2,5m de profondeur fut maçonné sur le rocher. On avait imaginé dans un premier temps amener l'eau au village en longeant la falaise, par un réseau de tuyauterie placé au pied, mais l'idée fut jugée irréalisable.

Puis, on pensa fixer une colonne le long de la falaise, de bas en haut. Mais là encore, on s'aperçut vite que la colonne ne tiendrait pas longtemps face aux éboulements chroniques. Il fut enfin décidé d'amener l'eau au pied de la falaise par une colonne d'aspiration en fonte recouverte de maçonnerie afin de la protéger puis grâce à une pompe et un puits atteignant le haut de la falaise, la refouler sur le plateau. De là, elle n'avait plus qu'à redescendre arroser les habitations situées dans le vallon et sur les hauteurs. Deux galeries et une chambre furent creusées dans la falaise et l'on y mit une pompe à essence qui apirait l'eau captée et la refoulait sur le plateau. Une colonne de 75m fut forée dans la falaise et abritait la colonne de refoulement. La captation d'eau ainsi réalisée était de 40m2 à l'heure.

(schéma tiré de l'article du "Génie Civil")

Aujourd'hui, l'approvisonnement en eau se fait différement et ce système de captage n'existe plus qu'à l'état de vestige, les éboulements successifs et les marées inlassables ayant eu raison de l'oeuvre des ingénieurs. La maçonnerie a relativement bien resisté au temps mais les éléments de tuyauterie en fonte ont été écrasés et dispersés par les éboulements. Quant à la salle des machines, elle doit se trouver derrière un amas d'éboulis.